Avec seulement deux épisodes à son actif, la série Real Racing fait figure de référence absolue en matière de jeux de course sur smartphones. L'arrivée d'un troisième opus excite donc inévitablement notre curiosité, bien que le passage au modèle free-to-play ait de quoi faire peur. Alors, nouveau hit ou pétard mouillé ?
Dès la première partie de Real Racing 3, on est immédiatement séduit par des graphismes à couper le souffle. Ainsi, les 46 voitures au programme s'avèrent être d'une beauté saisissante, profitant notamment de reflets et effets lumineux d'une qualité rarement égalée sur le support.
Les vues intérieures, déjà magnifiques dans le second opus, gagnent elles aussi en détails pour un résultat aussi jouable qu'agréable à l’œil. Et pour ne rien gâcher, tout ceci s'avère très fluide, aussi bien sur iPhone 5 que sur iPhone 4 (l'appareil minimum requis). Les décors et circuits paraissent en comparaison un peu vides, mais ils ont le mérite d'être des répliques de tracés réels comme Laguna Seca, Spa, Silverstone, Hockeinheim ou encore Brands Hatch.
Notons que le faible nombre d'environnements est compensé par une certaine variété dans les configurations de pistes puisque, par exemple, le Speedway d'Indianapolis peut faire l'objet de courses sur ovale, le circuit utilisé en F1 jusqu'en 2007 ou sur encore 2 autres tracés distincts.
Une prise en main optimale
Au niveau du gameplay, on retrouve dans les grandes lignes ce qui a fait le succès de la série jusqu'à présent, à savoir un pilotage très arcade et une réactivité sans failles. Ainsi, qu'on choisisse de diriger sa voiture avec le gyroscope (ce qui est conseillé) ou bien avec un volant ou des boutons virtuels, on prend immédiatement ses marques, notamment grâce à des aides au pilotage paramétrables permettant d'automatiser le freinage et l'accélération, ou bien de disposer d'une direction assistée et d'un contrôle de la motricité. Ceci étant, cette expérience est quelque peu gâchée par une IA qui n'en est en réalité pas une. En effet, Firemonkeys (anciennement Firemint) a cru bon d'instaurer un système nommé TSM (Time Shifted Multiplayer) consistant à opposer le joueur à des fantômes asynchrones de joueurs réels. En d'autres termes, vous affrontez une IAqui réalise quoi qu'il arrive un temps prédéfini correspondant à la performance d'un joueur inconnu ou d'un ami.
Si on passe sur le côté absurde de la chose, il est toutefois plus difficile de faire fi de la propension des adversaires à accélérer beaucoup plus fortement que le joueur, à aller plus vite en ligne droite et à se traîner littéralement dans les virages en occupant toute la largeur de la piste. Imaginez donc la frustration qu'on peut ressentir en se faisant dépasser par une voiture normalement moins performante que la nôtre après être sorti d'un virage beaucoup plus vite qu'elle.
Passer de la 22ème à la première place en seulement 3 tours devient donc très difficile dans ces conditions, d'autant plus qu'il n'est pas possible de paramétrer la difficulté.
Des réparations contraignantes
Cela nous amène à une autre nouveauté de cet opus : la gestion permanente des dégâts. En effet, tenter de se faire une place en poussant un adversaire, fermer la porte à un concurrent trop insistant ou tout simplement accélérer trop fort et déraper occasionne des dégâts et usures conservés d'une épreuve sur l'autre. En sachant qu'un feu arrière endommagé fait diminuer la vitesse de pointe de 1km/h, il convient de faire extrêmement attention, sans quoi le peu d'argent gagné en course sera dilapidé en un rien de temps.
En effet, réparer une voiture dont les pare-chocs avant et arrière, le capot, les rétroviseurs, les portières droite et gauche, le pare-brise avant et arrière, les feux et phares et le filtre à carburant sont HS coûte cher. Passer outre l'entretien de base n'est pas non plus conseillé puisque vous vous retrouverez dès lors au volant d'un véritable tacot incapable de vous emmener à la victoire. Il est alors nécessaire de jouer pendant des heures avant de pouvoir s'acheter une voiture haut de gamme et ainsi débloquer les championnats associés, en refaisant encore et encore les mêmes épreuves.
Les moins persévérants ont toutefois une alternative : acheter un pack de crédits dont le tarif va jusqu'à 89,99 euros. Attention toutefois, dépenser autant d'argent ne vous permettra certainement pas d'acheter et améliorer toutes les voitures, mais seulement de vous octroyer les 3-4 plus chères (Bugatti Veyron, Koenigsegg Agera, McLaren F1, etc). Jusqu'alors, seul Gameloft avait été aussi loin, et il ne nous reste donc qu'à prier pour que cela ne devienne pas une norme.
Un modèle économique déplorable
Tenez-vous bien, vous n'êtes pas au bout de vos peines. D'autres réparations encore plus onéreuses pointent bientôt le bout de leur nez, vous poussant à changer carrément le moteur, les freins ou les suspensions. En plus de vous ruiner encore un peu, celles-ci ne sont pas instantanées.
Comptez ainsi 20 minutes pour changer un moteur et 15 pour les freins, en sachant que vos équipes ne peuvent pas travailler simultanément. Pire, il faut environ une demi-heure pour se faire livrer une voiture nouvellement achetée et on passe finalement beaucoup de temps à attendre sans pouvoir faire quoi que ce soit. Les développeurs ont fort heureusement pensé à tout et proposent une monnaie alternative permettant d'accélérer les choses.
Evidemment, celle-ci est vendue en packs dont le tarif grimpe une nouvelle fois jusqu'à 89,99 euros (ouch !). On peine à comprendre le bien-fondé de ce modèle économique qui gâche à lui seul une expérience qui aurait pu être exceptionnelle. Nous terminerons toutefois sur une note positive, puisque si les débuts sont pénibles, acheter de nouveaux bolides permet de passer de l'un à l'autre afin d'enchaîner les quelques 900 épreuves disponibles.
Certes, l'absence d'un réel mode multi, de ralentis ou d'un simple menu Course Rapide est dommageable, mais il y a là de quoi s'occuper des dizaines et des dizaines d'heures, ce qui n'est déjà pas si mal.